Ici, on est en brousse

C’est un ancien comptoir
sur la route des Indes,
ou la vie s’écoule
hors de l’emprise du temps
et de la folie des hommes.
Les paysages sont féériques.
Partout, il y a la mer,
une succession de criques
de lacs et d’estuaires,
rejoints par la forêt
d’une vallée gigantesque.
Un patchwork délirant
de savane, de mangrove
de cours d’eau qui se perdent
jusqu’aux lointains reliefs
qui bloquent l’horizon.
Là, blotti au creux des dunes,
sous quelques cocotiers,
les huttes végétales
d’un village oublié.
Ici, on est en brousse,
on vit en autarcie.
On pratique le troc,
on pêche dans des troncs d’arbre
découpés à la hache.
On plante du manioc,
un peu d’riz en saison,
on est riche quand on posséde
une charette, un zébu,
quelques poules et un cochon.
Ici, on ne prend souvent
qu’un repas quotidien,
et on cherche chaque jour
l’eau jusqu’à sa source.
Chaque matin, on replonge
dans le vital, l’essentiel,
avec l’imagination
de l’urgence et du réél.
Pas de temps, ni de place
pour des soucis futiles.
On attend rien du lendemain,
ni projet mercantile,
nouvel objet à consommer,
nouveau crédit à rembourser.
C’est un autre espace-temps,
une autre planète,
ou la vie obéit à d’autres concepts.
Et c’est le lieu idéal,
Pour remettre en question
tes certitudes d’occidental,
et qui voudrait se rappeler
quelques réalités profondes
et fondamentales.

Par H de Guer