Septembre, octobre, sont des mois magnifiques.
Juste avant les grandes pluies,
les baleines à bosses venues de l’antarctique,
longent la côte pour aller mettre bas
vers l’île de Sainte-Marie.
Mais déjà décembre arrive, il faut rompre l’exil.
Je me faisais une joie de revoir Paris,
Recoller quelques jours au moderne, au futile.
Mais le bruit, la foule, l’hiver, le gris…
L’ambiance est morose et les gens distants…
Plus rien ne choque personne et le citoyen lambda,
Lobotomisé, apeuré et béat
serait certainement plus prompt à la révolte si on lui supprimait
ses jeux vidéo, ses anxiolytiques, le loto du samedi, l’alcool, et ses droits au crédit.
Mais qui blâmer le plus des commerçants avides ou des consommateurs crédules ?
Je repense à cette phrase d’Agatha Christie :
« Des peuples de moutons engendrent forcement des gouvernements de loups ».
A chaque retour à la « civilisation », je me trouve plus déstabilisé
Et tous ces visages et tous ces gens, toujours un peu plus mous.
Impossible de capter un regard, un visage qui sourit.
Pourtant, dans un nouvel élan d’optimisme infondé,
on fête l’année qui vient, à l’heure des imbéciles.
Au même titre que les hordes de supporters footballistiques,
ou les fans surexcités de chanteurs débiles,
l’enthousiasme surfait des autochtones conditionnés
se ruant dès novembre sur les sapins enguirlandés,
m’exhorte à nouveau de fuir un tel asile.
Qui plus est, la campagne électorale bat son plein,
et voir les mêmes vieux politicards
faire recette avec leur même vieille soupe
ne me rend pas d’humeur très sociable.
Qu’on ne les guillotine pas, soit !
Qu’on leur accorde encore du crédit et la moindre attention,
me sidère et conforte mon choix…
Début janvier, je repars…
Je ne veux rien avoir à faire avec le mauvais temps
et les exactions qui s’annoncent.
Au sud de l’équateur, les populations subissent leur sort
Avec, au moins, l’excuse de l’ignorance et de très peu d’informations.
Au fin fond du sud malgache,
dans mon village du bout du monde,
ni porte, ni fenêtre à ma maison..
Je me lève aux aurores, me couche après dîner,
et n’ai jamais touché le bonheur d’aussi près.
Ce soir, lové dans mon hamac, la tête dans les étoiles,
J’observe la lune pleine blanchir la lagune.
Et le souffle lointain des vagues qui déroulent
me remplit à nouveau d’une force paisible.
Loin du vacarme d’un monde qui s’écroule,
je savoure ma chance d’être là,
encore plein de rêves, de projets et d’envies.
Par H de Guer