Ecce homo

En nombre leur intelligence décroît,
leurs besoins se multiplient au rythme de leurs dépendances.
D’aucuns leur prêtent de bonnes intentions ; moi pas.
Rien dans leur parcours ne m’engage à la confiance.
Aussi conquérants que soumis, aussi généreux qu’avides,
aussi courageux que lâches, aussi géniaux que stupides,
capable du meilleur et capable du pire,
juste selon leur humeur et qui les inspire.
Tant de dons naturels, tant de capacités,
à s’adapter, à créer, à éprouver des sentiments,
à communiquer, à rire, à rêver,
faut-il aimer souffrir, faut-il être con ?
Sur le pont d’un navire qui sombre imperceptiblement,
Je les vois, droits dans leurs bottes, scruter cet horizon
qu’ils n’atteindront jamais.

Tout au long de la pente
qui mène à vos cercueils
vous vivez de mort lente
dans une tenue de deuil.
Vous cotoyez l’horreur
la misère l’injustice
ignorants qu’à cette heure
vous en êtes les complices.
Viscéralement stupides
vous faites ce qu’on vous dicte
et vos âmes insipides
d’animaux hypocrites
se vendent aux plus offrants
des parias politiques
aux démarcheurs de vent
à des curés cyniques.
Doués comme vous l’êtes
c’eût été une injure
de détruire tout le reste
en épargnant la nature.
Si vos sens érodés
vos destins misérables
font de vous des mort-nés
aux sors inéluctables
sûr que le plus infernal
et qui peut rendre fou
est bien de savoir comme
votre frère votre égal
je suis pareil à vous.
Tout bêtement… un homme.

Par H de Guer