Dans le sud profond de l’immense île rouge,
forêts de baobabs et forêts d’épineux,
très peu de vie, rien ne bouge,
c’est le bush majestueux.
Arbres pieuvres, aloes, latérite, roches,
oubliée sans doute des bontés divines,
on l’appelle aussi la terre des milles reproches,
frappée par le manque d’eau et par la famine.
Au fin fond d’une vallée perdue,
les sisals sauvages, à perte de vue,
quand d’improbables dunes séparent l’océan
d’un lac rougit par des vols de flamands.
Les verts, les bleus, les blancs, les roses,
sous un soleil de plomb explosent,
soulignent la rudesse, la puissance des paysages,
signent une promesse : Survivre est un gage.
Usés, par une mer capricieuse et un parterre ingrat,
par trop de chaleur, de rhum et de ganja,
les hommes chassent, pêchent, mènent leurs troupeaux,
déclinants avant l’heure dans leurs vieux oripaux.
Jamais ils ne se plaignent et jamais ne reculent.
Avancer, lutter, apprendre pour subsister
à boire de l’eau saumâtre et se nourrir de tubercules.
A l’extrême rigueur, ils opposent l’astuce,
des croyances, des psychés et des chants qu’on décline :
« Ici la vie se déguste comme les fruits des cactus,
sans jamais, jamais, se soucier des épines ».
Par H de Guer